14.11.2002 – La Presse Riviera Chablais par Raphaël Delessert

Spectacle produit par la Fondation du Marché de Noël à l’Auditorium Stravinski

Pour les yeux, les oreilles et… les narines!

Produit par la Fondation du Marché de Noël, un spectacle mêlant musique, images, fontaines et parfums sera présenté à l’Auditorium Stravinski le 21 décembre. Le premier concert parfumé de Suisse réunira sur scène la violoncelliste montreusienne Nathalie Manser, l’ingénieur du son Dave Richards, ainsi que des chanteurs et des danseurs de la Riviera.

Mieux vaudrait avoir les narines bien dégagées samedi 21 décembre à l’Auditorium Stravinski!

C’est en effet à un grand spectacle musical, aquatique et olfactif que sont conviés les spectateurs de cette soirée produite par la Fondation du Marché de Noël. « Un monde en senteurs » verra la violoncelliste montreusienne Nathalie Manser – épaulée sur scène par Dave Richards, propriétaire du fameux Mountain Studio et coauteur des morceaux – faire vibrer les cordes de son instrument dans un décor somptueux.

Autour d’elle se dessineront les aquatiques arabesques de plusieurs fontaines formant par instant un véritable rideau d’eau-sur lequel seront projetées des images. Afin d’illustrer olfactivement certains morceaux et d’ajouter une dimension inédite au spectacle, des diffuseurs de parfums répandront leurs fragrances dans la salle.

Le Chœur des Ados de Villeneuve et les danseurs du Centre de danse de Montreux compléteront la riche distribution d’un show pendant lequel les sens des spectateurs seront sollicités plus qu’à leur tour…

À LA RENCONTRE DES CULTURES OUBLIÉES

«Nous souhaitons faire voyager le public au gré d’une succession de tableaux très différents», expliqué Nathalie Manser. Tribus d’Amazonie, Tibétains, Amérindiens, les populations opprimées de fa planète – un thème déjà évoqué sur «Les Anges», premier album de la violoncelliste – seront au centre du spectacle. «Nous avons voulu mettre en exergue les « cultures oubliées » et répandre un message de tolérance», reprend l’artiste.

Pour définir la partition du spectacle, qu’il compose avec la Montreusienne, Dave Richards, ingénieur du son réputé, réfute le terme «world music»: «Les limites de ce genre sont trop restrictives, nous ne nous limitons pas à un seul style musical. Je parierais plutôt de « global music », tant nos sources d’inspiration – .et par conséquent nos morceaux – sont diversifiés.»

Une diversité musicale qui ne devrait pas nuire à l’émotion que les deux musiciens espèrent; transmettre au public: «Le violoncelle à un timbre très proche de celui de la voix humaine. A son écoute, tout prend «ne dimension très émouvante», certifie Nathalie Manser.

« MARRE D’ETRE OLFACTIVEMENT CORRECT!»

Pour amplifier le caractère inédit du show et le rendre encore plus percutant, les deux Montreusiens ont fait appel a Michel Roudnitska, créateur de parfums. «De par son action directe sur le système limbique, le parfum accroît de façon considérable l’impact émotionnel des images et des sons», explique le Français.

Régulièrement mandaté pars grandes marques, le parfumeur indépendant dit regretter une certaine «mondialisation des senteurs. Aujourd’hui, il faut qu’un parfum plaise partout dans le monde. Et moi j’en ai. marie d’être olfactivement correct! Ce type d’expérience me permet d’explorer des terres vierges, et non pas de créer une énième imitation de telle ou telle fragrance.»

Pour mener à bien son entreprise, le professionnel utilisera six diffuseurs, placés en différents endroits de l’Auditorium. Les appareils, qui assurent une émission uniforme après une trentaine de secondes, ne fonctionneront-pas durant tout le spectacle, mais uniquement pendant certains morceaux.

Et avis aux narines sensibles, les parfums devraient être perceptibles durant trois à quatre minutes avant de s’estomper peu à peu sans disparaître complètement.. et d’être supplantés par une nouvelle odeur.

UN SENS SOUS-DÉVELOPPÉ

«Les fragrances sont puissantes mais non accommodantes, et je peux en contrôler la durée et l’intensité avec précision», rassure le parfumeur. Qui ajoute que ce ne sont pas des effluves écœurantes de type «eau de toilette» qui sortiront des diffuseurs: «Pour illustrer un morceau dédié aux Amérindiens, j’ai choisi un mélange de type boisé et animal, ça sentira le cuir, le bison. Pour une séquence avec des images filmées en Amazonie, j’ai opté pour des odeurs d’humus, de terre humide, de patchouli…»

Mais le mélange des parfums ne risque-t-il pas d’accoucher d’un final au bouquet nauséabond? «Non, tout est prévu pour déboucher sur une composition harmonieuse», affirme le créateur, qui se réjouit de faire découvrir ses senteurs au public de l’Auditorium Stravinski: «L’odorat est un sens sous-développé, les gens perçoivent les odeurs mais le plus souvent de façon inconsciente; ils sont incapables de les décrypter.»

Et de conseiller à l’assistance de ne pas se parfumer le soir du spectacle afin de bien percevoir les senteurs diffusées et de ne pas incommoder ses voisins. Quant aux malchanceux qui souffriraient d’un refroidissement le 21 décembre…

Raphaël DELESSERT

Share:
(c) 2022 - Nathalie Manser & Screen Light Data System