23.06.2001 – La Presse Riviera Chablais par Claude Béda

Un ange a pris son envol

Grâce à la passion qui lui donne des ailes, la jeune violoncelliste peut se permettre de rêver…

– Ce premier album, qui a été très bien accueilli, a constitué une véritable aventure…

– (N.M.) C’est peu dire. J’ai vécu un véritable parcours du combattant durant près de dix ans. J’ai tapé aux portes de nombreuses maisons de disques qui estimaient que mes compositions n’étaient pas assez commerciales. Si à l’avenir je parviens à vivre de ma passion, j’en aurais largement payé le prix.

– La rencontre avec David Richards a été déterminante…

– (N.M.) Oui. C’est une amie qui m’a suggéré de travailler avec «une grosse pointure». Un jour, on m’a présenté David. Je n’en ai pas cru mes yeux. Le projet a alors rapidement démarré…

– (D.R.) Quand on me l’a présenté, je me suis dit qu’elle n’était qu’une «star montante» de plus. Lorsque je l’ai entendue, j’ai rapidement changé d’avis. Pour moi, sa venue constituait, en outre, une réelle opportunité à saisir au moment où je souhaitais ardemment redevenir un musicien à part entière après avoir travaillé avec des vedettes reconnues*. L’idée de mélanger le classique et des sons plus contemporains m’a convaincu. Dans le disque, j’ai créé le décor sonore (voix tibétaines, chants africains, etc.). Cette expérience est d’autant plus enrichissante que, pour la première fois, je peux suivre toute l’évolution de nos créations.

– Pour vous, Nathalie, tout a commencé par un violoncelle orange, aperçu à l’âge de 4 ans…

– (N.M.) Ma mère m’emmenait souvent au concert. L’image reste gravée dans ma mémoire. Les couleurs et la forme de l’instrument ainsi que le son grave qui en émanait m’ont fascinée. Ça reste d’ailleurs obsessionnel. Depuis lors, j’ai harcelé ma mère pour pouvoir en jouer. A l’époque, j’étais malheureusement trop jeune. Je suis entrée tardivement au Conservatoire, car la discipline et le solfège me rebutaient. Finalement, j’ai tout rattrapé. J’enseigne d’ailleurs aux Conservatoires de Morges et de Sion. Grâce à mon esprit de compétition, je suis parvenue à relever tous les défis (réd: Prix des jeunesses musicales à Genève, virtuosité, licence de concert). Ce qui m’arrive aujourd’hui n’en est pas moins énorme. D’autant plus que nous sommes également appelés maintenant à nous produire, grâce à Jacques Morard, dans des grandes manifestations en Suisse et à l’étranger, avec «Aquatique Show/J’imagine». Nous préparons notamment un grand événement pour le 1er août à Montana. Jusqu’à présent, je n’ai jamais joué devant 20 000 personnes…

– Avec ce disque vous avez voulu donner une autre dimension au violoncelle…

– (N.M.) J’en avais marre du classique. Je rêvais de mélanger les genres (réd: world music, techno et new âge notamment) et les cultures. Je ne supporte pas de rester confinée dans un seul style comme le voulaient la plupart des maisons de disque. Je ne voulais pas, d’autre part, qu’on m’impose quelque chose que je ne ressens pas. Cela bride mon esprit créatif. Dans le CD, la seule concession que nous avons dû accepter était de reprendre l’Adagio d’Albinoni et Hasta Siempre (réd: Che Gue-vara).

– Vous rêvez également d’écrire pour un film romantique…

– (N.M.) Oui, car je pense que ma musique se prête bien à l’image. Créer de la musique sur la base d’un film m’intéresse beaucoup.

– (D.R.) Moi aussi. Mon père a réalisé les orchestrations pour les films de James Bond avec John Barry. C’est ce qui m’a incité à devenir ingénieur du son.

– «Les Anges», pourquoi ce titre?

– (N.M.) Tout ce qui est spirituel m’intéresse. Or, cette mélodie m’est venue d’un trait. Quand je l’ai présentée au studio, David a instantanément plaqué les accords de l’arrangement. Par ailleurs, après les années difficiles que j’ai vécues, cette rencontre avec David n’est, à mon sens, pas fortuite…

– (D.R.) Quand Nathalie m’a présenté cette mélodie, j’ai eu l’impression que je connaissais cet air depuis toujours. En le travaillant, je n’y ai apporté que très peu de corrections, je n’avais surtout pas envie d’arrêter de jouer…

– Vous dites avoir réalisé votre «légende personnelle»…

– (N.M.) Oui. Et cette légende est encore plus belle que je ne l’imaginais. Car j’ai fait fi de tous les obstacles. Je n’ai pas suivi les personnes qui voulaient m’influencer, me mettre en boîte ou me façonner comme ils l’entendaient. Je n’ai fait qu’écouter mon cœur…

Propos recueillis par Claude BÉDA

* Ingénieur du son mondialement reconnu pour avoir travaillé avec les Queen et David Bowie notamment, David Richards est, en outre, propriétaire du Mountain studios à Montreux.

  • Le CD «Les Anges», également diffusé en Allemagne, en Corée et au Japon, est disponible chez tous les disquaires. Concert aujourd’hui à Morges dans le cadre de la mise à l’eau de la Galère et le 1er août à Crans-Montana.

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