Un souffle envahit l’Auditorium Stravinski de Montreux. Une fraction de seconde plus tard, des effluves de coprah en train de sécher dans la cocoteraie plongent les spectateurs dans une ambiance de lagon polynésien.
Installée devant un écran d’eau, sur lequel sont projetées des images de plages idylliques, Nathalie Manser promène son archet sur son violoncelle. Non loin de là. derrière des synthétiseurs. le producteur David Richards ajoute sa touche. Invitation au voyage. Accouru en masse, samedi soir, le public a eu fin nez.
Annoncé comme un événement, le spectacle musical, olfactif et aquatique, donné dans le cadre du marché de Noël, a tenu ses promesses.
La partition du compositeur de senteurs Michel Roudnitska s’est jouée sans fausse note. Tous les sens en éveil, les auditeurs se sont laissé imprégner par les différents parfums diffusés en accord avec les morceaux exécutés par la violoncelliste. Le thème musical évoque l’Afrique et voilà la salle baignée de puissantes odeurs de fauves.
L’instant rappelle le dernier passage du cirque. Voire mieux, comme pour Lucette et Agénor Genier, du Mont-sur-Lausanne: «Cela nous a fait revivre un voyage en Afrique du Sud, c’est incroyable.»
Enchanté par le spectacle, le couple n’a qu’un regret: «Ils auraient dû réaliser une cassette vidéo, elle se serait vendue immédiatement sans difficulté.»
Des notes épicées imprègnent encore les narines. Le spectacle vient de se terminer sur une somptueuse adaptation du Ranz des vaches à laquelle ont participé les deux cents chanteurs du Chœur des écoles de Villeneuve. Nelly et Fabienne, de Noville, ne trouvent pas les mots pour décrire leur enthousiasme. «C’était tellement inattendu, grandiose.» Elles sont avant tout venues par curiosité: «Il y avait de quoi l’exciter non?»
Myriam Wehrli commente: «C’était surprenant mais génial. Le violoncelle est très bien mis en valeur.» Ses enfants Aurélie, Camille et Timothée jugent les odeurs trop fortes. «Nous avons eu mal à la tête», confient-ils en se pinçant le nez. Les trois bambins semblent heureux de pouvoir sortir prendre l’air.
CÉLINE GOUMAZ