24.11.2001 – La Presse Riviera Chablais par Raphaël DELESSERT

Les dernières notes de Freddie Mercury ont été enregistrées à Montreux il y a 10 ans

Derrière la porte, le fantôme de Freddie…

Le chanteur avait 45 ans lorsqu’il est décédé des suites du virus du sida, le 24 novembre 1991. Quelques semaines avant sa mort, très affaibli, il enregistrait ses dernières chansons au Mountain Studio de Montreux. David Richards, ingénieur du son du groupe anglais Queen depuis 1980 et propriétaire des lieux, se souvient.

– Dave Richards, quand les musiciens de Queen ont-ils établi leurs quartiers à Montreux?

– Ils sont venus sur la Riviera et y ont enregistré l’album «Jazz» en 1978. Ils ont ensuite décidé d’acheter le studio et m’ont engagé. Ultérieurement, toutes les prises de son se sont faites entre Londres et Montreux.

– Le groupe britannique a-t-il eu le coup de foudre pour la région?

– Au début, pas du tout. Je me rappelle que les premiers temps, Freddie Mercury détestait l’endroit. Il a même dit une fois: «Ce studio devrait être dans le lac, pas à côté!» C’était pendant ses folles années, et Montreux était beaucoup trop calme pour lui.

– Mais par la suite, il y a quand même élu domicile…

– Oui. Plus tard, il appréciait la quiétude de la ville, surtout lorsqu’il est tombé malade. A ce moment-là, personne ne savait ce qui lui arrivait, pas même les autres membres du groupe, qui, quelques semaines avant son décès, se demandaient de quoi il souffrait. Je crois qu’il voulait protéger ses proches. Freddie était loyal, il a toujours détendu les gens autour de lui.

– Très spectaculaire sur scène, comment était-il en coulisses?

– C’était l’inspiration-même, il fourmillait d’idées. Un jour, il s’est assis au piano et a joué tout ce qui lui passait par la tête jusqu’à ce que les doigts lui en tombent. Je n’arrivais pas à suivre, n’ayant pas assez de bande pour tout mettre en boîte! (rires.) C’était un génie, non seulement pour le chant mais aussi en ce qui concerne les arrangements musicaux. Il m’a beaucoup appris.

– Freddie Mercury a entièrement enregistré le dernier disque de Queen, «Made In Heaven» au Mountain Studio…

– Lui qui était pourtant une force de la nature avait laissé beaucoup d’énergie dans son combat contre la maladie, il ne venait plus que deux fois par semaine au studio, quand il le pouvait. Sa dernière chanson, «A Winter’s Tale», il l’a enregistrée assis, s’arrêtant pour souffler après chaque phrase. Il m’a confié: «Dave, tout mon corps me lâche, mais j’ai encore ma voix.» On peut dire que ses derniers mots ont été chantés, et ils ont été chantés ici.

– Et maintenant? Etes-vous devenu le gardien du temple?

– Non. De nombreux fans du monde entier viennent au Mountain Studio en pèlerinage, et je suis heureux de les accueillir, mais je continue aussi mon propre chemin. La Montreusienne Nathalie Manser vient d’enregistrer son disque ici. Elle joue du violoncelle…

Entretien: Raphaël DELESSERT

Un détour au coin de paradis de Freddie

Trois semaines que le forfait Freddie Mercury a été lancé et les inscriptions ne se sont pas faites attendre, «onze tours sont d’ores et déjà réservés et je reçois environ quinze e-mails par jour sans oublier les téléphones. La grande majorité des intéressés écrivent d’Italie, d’Argentine, du Mexique ou de Belgique, mais on peut dire, en règle générale, que les fans viennent du monde entier», se réjouit Rita Balesi, directrice de Montreux congrès service.

Avec trois autres complices, elle a mis sur pied un tour «Freddie Mercury à Montreux» vendu uniquement par le biais d’Internet. Au programme, une visite du Mountain Studio au Casino, une balade en bateau au large de Clarens pour voir la maison où le chanteur des Queen vivait lorsqu’il enregistrait au Casino et le dépôt d’une rose au pied de sa statue sur la place du Marché. «Nous avons conçu ce forfait en respectant l’esprit que les Queen privilégiaient lorsqu’ils étaient à Montreux: la discrétion. Mais l’idée est bien sûr de promouvoir Montreux tout en donnant la possibilité aux fans de voir les lieux où leur idole a vécu», poursuit Rita Balesi.

Il y a deux ans, Suisse Tourisme s’était aussi intéressée ponctuellement au potentiel offert par la présence de la statue du leader des Queen à Montreux et lançait également un pèlerinage «Sur les traces de Freddie Mercury». De son côté, Patrick Henry, directeur marketing de Montreux-Vevey Tourisme remarque: «A chacun ses initiatives, c’est très bien. Ce nouveau forfait existe, nous sommes là en appui si besoin. Mais en règle générale, nous remarquons que les forfaits sont difficiles à vendre s’il n’y a pas une manifestation ou un événement. Il est plus aisé de faire venir les gens lorsqu’il se passe quelque chose.»

Faire récouvrir Montreux

Sans se presser en masse autour de la statue de Mercury – unique mémorial du chanteur qui n’a pas de sépulture puisque ses cendres ont été versées dans le Gange- les fans sont néanmoins réguliers. «J’ai au moins une fois par semaine des touristes qui viennent me demander l’adresse du Mountain Studio. Il fallait absolument organiser et institutionnaliser un circuit. Les hôtels contactés ont d’ailleurs très bien joué le jeu», note Norbert Muller (Bazar Suisse) autre créateur du forfait «Freddie Mercury» et détenteur de l’exclusivité mondiale pour la vente des copies de la statue.

«Elles se vendent tout au long de l’année mais à Montreux uniquement. Chaque objet à l’image de Freddie Mercury est soumis à un contrôle très strict notamment en ce qui concerne la qualité. Et les autorisations sont très difficiles à obtenir. J’ai encore eu hier matin un interlocuteur espagnol me demandant d’envoyer une statue et j’ai dû répondre par la négative. Le but est de faire venir les gens à Montreux, c’est pour cela que j’ai obtenu l’autorisation de vendre les statues miniatures. Que ce soit pour le forfait ou pour les statues, la démarche n’a rien de commercial. Nous avons une telle chance d’avoir un souvenir de Freddie Mercury qu’il fallait développer quelque chose. Chacun en profite. D’ailleurs si un jour nous dégageons des bénéfices avec ce forfait, une partie sera versée à la Fondation Mercury Phoenix Trust qui lutte contre le Sida. Mais pour le moment nous investissons.»

 

Au nom de la rose Mercury

«Tu as utilisé le talent pour inspirer les autres. Chaque fois que j’entends ta voix, elle apporte le meilleur en moi», écrit Jenny des Etats-Unis.

Le site «Montreux.ch» collecte depuis une année les messages des fans du monde entier. «Sur les deux millions annuel de visites enregistrées sur le site, plus de 15000 passent par la page Freddie Mercury», relève Serge Rentschs, responsable du site. Plus encore, les pages proposent également depuis une année un service envoi de roses qui a déjà séduit une centaine de fans. Pour aujourd’hui, jour anniversaire du décès du chanteur, une autre centaine de roses seront déposées par ce biais. Sur chaque rose facturée, une contribution d’environ septante-cinq centimes est versée au Mercury Phoenix Trust qui lutte contre le sida. Certains fans viennent même sur place vérifier si leur rose a bien été déposée. «Un jour que nous filmions la statue, nous avons rencontré par hasard un groupe d’Anglais et en discutant avec eux, ils nous ont avoué s’être déplacés pour voir si les roses étaient bien au pied de la statue», raconte Serge Rentschs.

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